L’illusion de la démocratie

Publié le par Valeo

Les virulentes critiques suscitées par la nomination de Jean Sarkozy semblent avoir eu raison de la « volonté » de ce dernier, et indirectement de celle de Nicolas Sarkozy. Sous la pression d’un acharnement médiatique décrié, l’indignation d’une partie de la droite et de l’opinion publique, le « prince » a finalement renoncé  à la présidence de l’E.P.A.D.

La nouvelle est donc tombée, jeudi dernier, au 20 heures de France 2. Le « Dauphin », « petit génie » selon Isabelle Balkany, a annoncé qu’il ne se présenterait qu’ « au titre d’administrateur de l’E.P.A.D et qu’il ne briguerait pas la présidence, même s’il était élu. » Il ne veut surtout pas d’une « victoire » entachée ou gangrenée par le « soupçon » et réclame ainsi sa légitimité. Administrateur ou président, l’idée étant quand même d’intégrer ce prestigieux organisme, le but est atteint. Une réaction que le Roi approuve et qui fait sa fierté, comme nous pouvions le lire sur sa page Facebook. Seulement, en dépit de cette effusion de bons sentiments et de bonne foi, des zones d’ombres persistent. L’ambition affichée de Jean Sarkozy d’accéder à la présidence du conseil général des Hauts-de-Seine explique certaines données de l’affaire. En effet, alors que dans d’autres cas, la démarche s’est révélée fructueuse, la demande de dérogation pour demeurer à la tête de l’E.P.A.D a été purement et simplement rejeté. Le même Patrick Devedjan qui est l’actuel président du conseil général des Hauts-de-Seine. Ce recul n’est donc, en rien, un renoncement mais le simple aveu d’une tentative avortée ou la perte d’une bataille mais non de la guerre. Reculer pour mieux sauter, dit-on ! …
De plus, alors que certains courtisans affirment que l’idée de la candidature de Jean Sarkozy était de sa seule initiative, une député U.M.P lâchait timidement : « le prince est téléguidé depuis le château. » Une affirmation que vient confirmer un journaliste de France 2, nous informant que : « la décision du retrait de la candidature de Jean Sarkozy a été prise, mercredi soir, lors d’une réunion du Président avec ces conseillers. Non, sous la pression médiatico-politique ou du bas peuple, mais seulement lorsqu’il a eu connaissance du nombre impressionnant de journalistes étrangers qui devaient couvrir  l’avènement du Dauphin. » Une terrible méprise pour le peuple qui n’a pas pesé dans la décision. Ce qui reste de toute logique : « En démocratie, seul le peuple dérange. » Et l’hypocrisie ne s’arrête pas là. Nous avons aussi assistés aux plaidoyers respectifs et quasi-similaires de Jean-François Copé et Isabelle Balkany, affligés par les proportions qu’a pu prendre cette banale nomination, invoquant « la pertinence du suffrage universel et du manque de confiance à son égard.» ; quand l’idée de ne pas faire voter les membres de l’Etat siégeant au conseil d’administration de l’E.P.A.D, proposée par la gauche, mettait en évidence le fait que cette pseudo-élection n’était qu’une formalité car l’homme qui pourrait faire pencher la balance était de toute façon en faveur des Sarkozy. A la manière des courtisans qui se sont ridiculisés dans les médias en récitant parfaitement les consignes du Roi dépeignant un Jean Sarkozy « courageux et déterminé » à l’annonce de sa candidature comme à son abdication. Isabelle Balkany va encore plus loin. Invitée de l’émission « On n’est pas couché » de Laurent Ruquier sur France 2, elle nous fait l‘éloge du Dauphin : « N’avez-vous pas été impressionné par l’éloquence, la maturité et du charisme de ce jeune de 23 ans au 20 heures de France 2. De plus, il se révèle être un e vraie force de propositions comme il l’a prouvé aux journalistes qui ont assisté, dans la matinée, à la première réunion du conseil. »  L’humour ne semble plus de mise, la compassion me paraît plus de circonstance. Quand nous revenons à la réalité, nous n’y voyons rien de bien prodigieux. Sa prestation au JT n’était rien d’autre que la démonstration d’une mécanique de communication bien huilée, que l’on retrouve chez un certain Nicolas Sarkozy. En outre, le « prince » a grandi dans le sérail politique avec un modèle de référence, Nicolas Sarkozy, passé maître dans l’art de haranguer les foules, manipuler les esprits et faire prendre des vessies pour des lanternes. La pomme ne tombe jamais loin du pommier, dit-on. Ceci ne remet en rien en question les compétences de Jean Sarkozy, mais je ne vois en rien le visionnaire ou le génie qu’on veut bien nous vendre. Une pensée qui a aussi inspiré les médias.

Quand les médias dérangent !

 La majorité a pour habitude de reprocher à la gauche, ne pas jouer son rôle d’opposition, car perdue dans les méandres d’un parti à l’agonie, et de faire seulement de l’anti-sarkozysme primaire. Aujourd’hui, c’est cette même majorité qui essais de blâmer la gauche pour cacher les dérives d’un Président un trop zélé. Heureusement, certains élus de droite gardent un certain discernement qui dessert le pouvoir. En effet, le plus éloquent reste, cependant, les commentaires et l’indignation timide certes, mais réels exprimés par les élus U.M.P. Après, l’affaire Mitterrand et maintenant celle du fils Sarkozy, les élus ne cachent pas un « trouble », une « inquiétude » et une « révolte éthique » au sein de l’électorat de droite. Cette affaire Sarkozy allant à l’encontre des valeurs de « travail » et de « mérite », prônés par le Président pendant sa campagne présidentielle et qu’il défend ardemment encore aujourd’hui (cf. Les Sarkozy, une dynastie de droit divin). La pilule ne passant pas, la vieille technique revient donc à s’en prendre aux médias. Seulement, après une campagne présidentielle dénonçant un « acharnement » des médias qui étaient « contre lui » et qui a abusé tout le monde, le Roi s’est empressé de reprendre en main les médias en plaçant à leur tête ses amis, les plus riches et les plus influents. Les plus récalcitrants étant intimidés à coup de contrôles fiscaux, etc. Depuis les médias n’ont eu de cesse de l’encenser. Alors lorsqu’il adopte une posture de victime, notamment dans le Figaro, en essayant d’accabler les journalistes pour faire diversion, comme à l’accoutumé, et étouffé l’affaire, il ne trouve guère d’écho à sa bêtise. Même les plus dévoués à la cause, chargés de colporter ce mensonge, s’emmêlent les pinceaux et perdent toute crédibilité. Ainsi, Isabelle Balkany, se retrouve toute penaude après avoir affirmé que :  « les journaux ne doivent pas prendre la place de l’opposition et que la plupart des informations rapportées par la presse et par Eric Zémour étaient fausse », juste avant que Eric Nolleau lui rappelle que : « ces informations provenaient du Figaro qui n’est pas franchement un journal de gauche. . Un quotidien qui s’est toujours engagé à faire de son mieux pour défendre les intérêts du Président de la République. Cela se passe de commentaires. Nous pouvons faire aussi référence aux déversements de ressentiment qu’on pouvait lire sur le site Internet du Figaro dont les lecteurs, si nous devons le rappeler, ne sont pas franchement les porteurs d’un anti-sarkozysme primaire. Pour une fois, les quotidiens ont fait leur travail et jouer leur rôle de contre-pouvoir. Ils ne sont pas emballés et n’ont fait que relayer le malaise crée par l’annonce de cette nomination, qui s’apparente à une vraie injustice. En démocratie, la voix du peuple me semble quand même essentielle. Est-ce un regain de lucidité devant une telle provocation ?  Le manipulateur et pro de la communication qu’est Nicolas Sarkozy et tous ces conseillers ont, pour le coup, manqué de lucidité dans cette affaire. Et si c’était une façon de sonder la réaction du peuple face à son omnipotence, le résultat a été sans appel. Affaire à suivre…

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